Film américain de Guillermo Del Toro
Interprètes : Charlie Hunnam (Raleigh Becket), Idris Elba (Staker Pentecost), Rinko Kikuchi (Mako Mori), Ron Perlman (Hannibal Chau)
Durée : 2 h 10
Note : 3/10
En deux mots : Baston bruyante et vide entre des sumos reptiliens et des Transformers arthritiques.
Le Réalisateur : Né en 1964 à Guadalajara (Mexique), Guillermo Del Toro a commencé comme spécialiste des effets spéciaux, et a écrit un livre sur Hitchcock. Il réalise son
premier film en 1993, "Cronos", film de vampire remarqué à Cannes. En 1997, il réalise aux Etats-Unis "Mimic", avant d'aller en Espagne tourner "L'Echine du diable".
Retour à Hollywood pour "Blade 2" (2002) puis "Hellboy" (2004). En 2006, il signe "Le labyrinthe de
Pan" puis en 2008 "Hellboy 2". Il consacre ensuite plusieurs année à la production de la série de films de Peter Jackson "Hobbit".
L'histoire : Des créatures immenses d'origine extraterrestres, les Kaijus, surgissent d'une brèche dans le fond des océans, dévastant tout sur leur passage. Les pays du monde entier s'unissent pour mettre au point une riposte : des robots gigantesques, les Jaegers, contrôlés simultamément par deux pilotes qui ont une connexion neuronale avec leur machine. Mais les Kaijus semblent évoluer, et deviennent de plus en plus difficiles à vaincre...
La critique : Une amie pourtant amatrice de blockbusters m'avait bien mis en garde : "Des extraterrestres qui envahissent la Terre par la mer ? Même moi je trouve le synopsis merdique !" Je lui avais répliqué que quand même, Guillermo Del Toro, c'était "Le labyrinthe de Pan ", et que quand un bon réalisateur s'attaquait à des blockbusters, ça pouvait donner de bons films, il suffit de regarder " The Dark Knight" ou " Skyfall". Et puis, Jérémie Couston, dans Télérama, ne s'enthousiasmait-il pas pour la capacité de Guillermo Del Toro à "fusionner blockbuster et film d'auteur et célébrer les noces monstrueuses de Freud et Godzilla" ? Direction donc l'UGC Lyon pour ce blockbuster d'auteur psychanalytique !
Mais où donc notre critique a-t-il pu voir un film d'auteur dans cette méga production à 200 millions de $ ? Peut-on évoquer ne serait-ce que la notion d'auteur quand on nous gratifie de scènes de discours militaristes et pompeux du style "Aujourd'hui nous mettrons fin à l'apocalypse" sur fond de musique tsapoum-tsapoum, et que chaque knock-out d'une bébête visqueuse se termine par une standing ovation de tout le PC opérationnel filmé par une caméra aérienne ? Et en quoi le pauvre Sigmund a-t-il interféré sur le scénario ? Quand même pas dans le ramassis de clichés habituels sur les traumatismes de l'enfance (ici la copilote du héros se revoit en Cendrillon japonaise de 6 ans dans une scène interminable, avec apparition du Pygmalion émergeant à contrejour de son GI-Joe au milieu des gravats), le deuil impossible du frère-double et l'opposition entre le père incarnation des valeurs morales et le fiston arriviste et injuste ?
Paraît-il, "Pacific Rim" se veut un hommage aux films japonais de Kaiju eiga, genre qu'apprécie particulièrement Guillermo Del Toro. On peut comprendre la démarche, après tout Quentin Tarantino n'a-t-il pas réussi à sublimer des genres mineurs comme les films de sabre, la blaxploitation ou le western spaghetti ? Mais là, mettre un budget pharaonique pour rendre crédible les Godzillas en latex qui étaient animés de l'intérieur par des acteurs, c'est supprimer le deuxième degré intrinsèque qui rendait ses films regardables, et les réduire à ce qu'ils sont, de pauvres bagarres de cour récréation entre des bestioles moches et des robots has been.
Il y a bien quelques idées de scénario, comme la nécessité du pilotage double des Jaegers, réplication des deux hémisphères cérébraux, ainsi que la tentative de connexion neuronale entre les scientifiques et un cerveau de kaiju. Mais ces bonnes idées se diluent vite à l'image de cette dernière qui disparaît derrière les personnages caricaturaux des deux savants fous, échappés de chez Luc Besson. On le sait depuis pas mal de temps, avec les images numériques, on peut tout faire au cinéma, et chaque film se veut donner encore plus que le précédent, qui lui-même... Guillermo Del Toro n'échappe pas à cette surenchère, mettant ces effets au service d'une esthétique rétro et disgracieuse, et étire ses scènes de combats soulignés par la musique soûlante de Ramin Djawadi. Non, décidément, mon amie a raison, il faut toujours de méfier des extraterrestres qui arrivent par la mer...
Cluny
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