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Vendredi 19 juillet 2013 5 19 /07 /Juil /2013 22:04

Film américain de Guillermo Del Toro


Interprètes : Charlie Hunnam (Raleigh Becket), Idris Elba (Staker Pentecost), Rinko Kikuchi (Mako Mori), Ron Perlman (Hannibal Chau)


Durée : 2 h 10


Rim-pacific.jpg

Note : 3/10


En deux mots : Baston bruyante et vide entre des sumos reptiliens et des Transformers arthritiques.


Le Réalisateur : Né en 1964 à Guadalajara (Mexique), Guillermo Del Toro a commencé comme spécialiste des effets spéciaux, et a écrit un livre sur Hitchcock. Il réalise son premier film en 1993, "Cronos", film de vampire remarqué à Cannes. En 1997, il réalise aux Etats-Unis "Mimic", avant d'aller en Espagne tourner "L'Echine du diable". Retour à Hollywood pour "Blade 2" (2002) puis "Hellboy" (2004). En 2006, il signe "Le labyrinthe de Pan" puis en 2008 "Hellboy 2". Il consacre ensuite plusieurs année à la production de la série de films de Peter Jackson "Hobbit".


L'histoire : Des créatures immenses d'origine extraterrestres, les Kaijus, surgissent d'une brèche dans le fond des océans, dévastant tout sur leur passage. Les pays du monde entier s'unissent pour mettre au point une riposte : des robots gigantesques, les Jaegers, contrôlés simultamément par deux pilotes qui ont une connexion neuronale avec leur machine. Mais les Kaijus semblent évoluer, et deviennent de plus en plus difficiles à vaincre...


La critique : Une amie pourtant amatrice de blockbusters m'avait bien mis en garde : "Des extraterrestres qui envahissent la Terre par la mer ? Même moi je trouve le synopsis merdique !" Je lui avais répliqué que quand même, Guillermo Del Toro, c'était "Le labyrinthe de Pan ", et que quand un bon réalisateur s'attaquait à des blockbusters, ça pouvait donner de bons films, il suffit de regarder " The Dark Knight" ou " Skyfall". Et puis, Jérémie Couston, dans Télérama, ne s'enthousiasmait-il pas pour la capacité de Guillermo Del Toro à "fusionner blockbuster et film d'auteur et célébrer les noces monstrueuses de Freud et Godzilla" ? Direction donc l'UGC Lyon pour ce blockbuster d'auteur psychanalytique !

 

Mais où donc notre critique a-t-il pu voir un film d'auteur dans cette méga production à 200 millions de $ ? Peut-on évoquer ne serait-ce que la notion d'auteur quand on nous gratifie de scènes de discours militaristes et pompeux du style "Aujourd'hui nous mettrons fin à l'apocalypse" sur fond de musique tsapoum-tsapoum, et que chaque knock-out d'une bébête visqueuse se termine par une standing ovation de tout le PC opérationnel filmé par une caméra aérienne ? Et en quoi le pauvre Sigmund a-t-il interféré sur le scénario ? Quand même pas dans le ramassis de clichés habituels sur les traumatismes de l'enfance (ici la copilote du héros se revoit en Cendrillon japonaise de 6 ans dans une scène interminable, avec apparition du Pygmalion émergeant à contrejour de son GI-Joe au milieu des gravats), le deuil impossible du frère-double et l'opposition entre le père incarnation des valeurs morales et le fiston arriviste et injuste ?

 

Paraît-il, "Pacific Rim" se veut un hommage aux films japonais de Kaiju eiga, genre qu'apprécie particulièrement Guillermo Del Toro. On peut comprendre la démarche, après tout Quentin Tarantino n'a-t-il pas réussi à sublimer des genres mineurs comme les films de sabre, la blaxploitation ou le western spaghetti ? Mais là, mettre un budget pharaonique pour rendre crédible les Godzillas en latex qui étaient animés de l'intérieur par des acteurs, c'est supprimer le deuxième degré intrinsèque qui rendait ses films regardables, et les réduire à ce qu'ils sont, de pauvres bagarres de cour récréation entre des bestioles moches et des robots has been.

 

Il y a bien quelques idées de scénario, comme la nécessité du pilotage double des Jaegers, réplication des deux hémisphères cérébraux, ainsi que la tentative de connexion neuronale entre les scientifiques et un cerveau de kaiju. Mais ces bonnes idées se diluent vite à l'image de cette dernière qui disparaît derrière les personnages caricaturaux des deux savants fous, échappés de chez Luc Besson. On le sait depuis pas mal de temps, avec les images numériques, on peut tout faire au cinéma, et chaque film se veut donner encore plus que le précédent, qui lui-même... Guillermo Del Toro n'échappe pas à cette surenchère, mettant ces effets au service d'une esthétique rétro et disgracieuse, et étire ses scènes de combats soulignés par la musique soûlante de Ramin Djawadi. Non, décidément, mon amie a raison, il faut toujours de méfier des extraterrestres qui arrivent par la mer...

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juillet-août 2013 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 17 juillet 2013 3 17 /07 /Juil /2013 06:54
Film français de Reem Kherici

Interprètes : Reem Kherici (Maya), Cécile Cassel (Alex), Tarek Boudali (Tarek), Shirley Bousquet (Emma)

Durée :
1 h 35

Tout-Prix.jpg

Note :
  5/10 

En deux mots :
Les bons sentiments ne font pas les bons films, le retour
.    

La réalisatrice :
Née en 1983 à Neuilly dans une famille d'origine italo-tunisienne, Reem Kherici débute en 2002 sur Fun Radio, avant d'animer une émission sur FunTV. Elle participe avec la Bande à Fifi au Grand Journal de Canal+. Elle joue dans quelques films à partir de 2007, dont "OSS117 : Rio ne répond plus".


Le sujet : Maya, Marocaine d'origine, vit à Paris depuis 20 ans. Elle travaille auprès d'un grand couturier qui la met en concurrence avec une autre styliste pour obtenir un CDI. Un soir, suite à une infraction routière, elle est arrêtée et placée en centre de rétention : ses papiers ne sont plus en règle. Expulsée au Maroc, elle se retrouve à Marrakech dans sa famille avec une seule idée en tête : revenir le plus vite possible à Paris.


La critique : Voilà encore un film qu'on aurait envie d'aimer, mais à qui après vision, l'honnêteté exige d'accorder la note très moyenne qu'il mérite. L'idée de départ était séduisante : une pure Parisienne qui a juste oublié un détail trivial, à savoir renouveler sa carte de séjour, se retrouve plongée du jour au lendemain dans la condition d'une sans papiers expulsée. Working girl espérant devenir It-girl, Maya ressemble à une Lila en passe de réussir cinq ans après "Tout ce qui brille", avec pour étalon du bonheur le nombre de Louboutin dans sa garde-robe. Reem Kherici a raconté qu'elle a choisi le monde de la mode comme métaphore de ce qu'elle connaît le mieux, le milieu du cinéma, avec ses coups en douce, ses traitrises et ses faux-semblants.

 

Le début du film sert à nous exposer ce monde superficiel où Maya se meut avec l'aisance d'une carpe royale dans un bassin de Versailles, mais la caricature est quand même bien grossière, avec vannes appuyées et rires faux, et une impression de malaise s'installe vite devant une telle grosseur des ficelles. Le couple des meilleurs amis de Maya, joués par Cécile Cassel et Philippe Lacheau, un autre membre de la Bande à Fifi, vise à apporter un contrepoint à la frivolité ambiante, mais là-encore, la finesse manque cruellement à l'appel. Comme le comique de situation ne fonctionne pas vraiment, la vanne vient en renfort, du type de la réplique que fait Maya à son avocat qui refuse sa proposition de mariage blanc au centre de rétention : "Bien sûr il y a de l'amour : toi tu m'aimes !"

 

L'arrivée au Maroc apporte une rupture de ton, avec l'évocation d'un passé douloureux entre le père et la fille au sujet de la mort de la mère. Malheureusement, ce basculement ne signifie pas un passage à la nuance, bien au contraire, la découverte de sa chambre de petite fille l'amenant à revoir sa mère encourager ses rêves de princesse sur fond de musique sirupeuse. Dans cette partie centrale du film, le récit exerce un mouvement pendulaire entre l'émotion facile et un comique pas vraiment drôle, basé sur la crédulité de la bimbo qui va faire ses besoins dans le jardin, ayant cru son frère qui lui a expliqué que par manque d'eau on n'avait pas construit de toilettes dans la maison familiale...

 

La sincérité de Reem Kherici n'est pas en cause ; mais c'est justement cette bonne volonté, cette envie de raconter une histoire édifiante qui explique l'échec du film, pas assez cruel pour fonctionner comme comédie, trop mièvre pour émouvoir vraiment. "Paris à tout prix" porte à la fois les tares d'un premier film (manque de maîtrise du rythme, absence de style propre), et celles des comédies françaises qui tentent poussivement d'imiter Judd Apatow, et faute d'avoir fait un choix plus radical, ne parvient à atteindre réellement aucun de ses objectifs, à commencer par le premier d'entre eux pour une comédie, faire rire.


Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juillet-août 2013 - Communauté : Cinéma
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Dimanche 14 juillet 2013 7 14 /07 /Juil /2013 14:26
Film français de Nicolas et Bruno

Interprètes : Benoît Poelvoorde (Philippe), Fred Testot (Henri), Kad Merad (Louis), Charlotte Le Bon (El Natacha)

Durée :
1 h 47

Mechant-loup.jpg

Note :
  7/10 

En deux mots :
 
La Psychanalyse des Conte de Fées passée à la moulinette du marivaudage comique versaillais, plutôt réussi.    

Les réalisateurs :
Tous deux nés en 1970, Nicolas Charlet et Bruno Lavaine réalisent des clips musicaux et des films publicitaires à la fin des années 1990. Sur Canal+, ils réalisent des mini-séries dans le cadre du Grand Journal : "Amour, gloire et débat d'idées" et "Messages à caractère informatif", ainsi que le série "Bureau". En 2008, ils tournent leur premier long métrage, "La personne aux deux personnes", une comédie avec Daniel Auteuil et Alain Chabat.


Le sujet : Louis, Philippe et Henri sont trois frères quadragénaires versaillais qui vivent chacun des vies de couple sans histoire. Lorsque leur mère plonge dans le coma suite à un troisième infarctus, ils se retrouvent régulièrement à son chevet. Philippe, marié et père de deux enfants, fait la rencontre fortuite de Natacha, une actrice de 27 ans et entame une liaison. Si Henri le cadet est fasciné par l'incartade de son frère, lui qui doit vivre ses fantasmes sexuels inassouvis par son épouse Patricia, Louis l'aîné à la vie bien rangée de cadre supérieur désapprouve l'inconduite de Philippe.


La critique : "Le Grand Méchant Loup" est l'adaptation libre d'un film québécois de Patrick Huard (qui jouait David Wosniak dans " Starbuck") appelé "Les 3 P'tits Cochons", dont la sortie en France en août 2008 était restée confidentielle, et que je n'avais donc pas vu. Le titre original semble plus adapté au sujet du film, puisque les trois fères saisis par le démon de la quarantaine sont comparés par leurs compagnes aux trois petits cochons du conte, et l'analogie est soulignée visuellement par les trois maisons de Philippe, Henri et Louis, dont les façades sont respectivement couvertes de bois, de paille et de pierre (de Bourgogne !).

 

Le film s'ouvre sur des images en super-8 montrant trois gamins en train de jouer devant une R12 avec une vignette de 78, dans un mouvement et une ambiance qui évoque fugacement "The Tree of Life". Mais très vite, on se rend compte qu'on est plus près des Inconnus que de Terrence Malick, puisqu'on retrouve les trois bambins une trentaine d'années plus tard, au moment même où ils apprennent l'infarctus de leur mère : Philippe dans son couple heureux à la "Truman Show", Henri en train de mater un film porno, et Louis se renseignant sur l'emploi du temps de ses enfants et épouse avant de rappeler le rendez-vous commun de 19 h 15 à l'aumônerie. Car on est dans un environnement très versaillais, ville d'origine des réalisateurs, qui ont d'ailleurs invité un autre régional de l'étape, Denis Podalydes, pour un cameo assez jubilatoire où il incarne le médecin qui leur annonce l'état végétatif de leur mère en pleine joie d'avoir retrouvé ses anciens copains scouts Riri, Fifi et Loulou, et qui termine son bilan de santé en demandant "Et elle avait quelle âge ?".

 

Le Grand Méchant Loup, comme le suggère l'affiche qui émarge aussi du côté de Blanche-Neige, c'est donc Natacha la tentatrice innocente, celle qui par les hasards d'une rencontre entre le monospace dont Philippe a oublié de serrer le frein à main et son scooter va mettre un coin dans la fidélité qui sert de base aux mariages des trois frangins. On se dit qu'on va donc se retrouver donc dans une énième comédie française sur la crise du couple et l'infidélité conjugale, et certes, les clichés ne manquent pas. Mais heureusement, il y a une douce folie filée jusqu'au bout qui parvient à rendre originales des situations mille fois vues, comme l'utilisation dans le récit de la fonction de policière municipale de Patoche, jouée par Léa Drucker, ou le gag récurrent du chien qui doit servir de lien à la famille de Louis.

 

Il y a aussi des scènes qui fonctionnent très bien, comme cette plongée de Philippe dans un reportage sur les Amish, où, tel Belmondo dans "Le Magnifique" ou Danny Kaye dans "La Vie secrète de Walter Mitty", Poelvoorde s'imagine en train de vivre sa polygamie au grand jour dans la communauté anabaptiste, ou une courte scène burlesque autour du lit médicalisé de leur mère. Certes, les personnages sont caricaturaux, et chaque acteur plutôt dans son registre, mais les dialogues sont assez savoureux, comme quand Louis s'exclame : "Je vais envoyer un mini-message-texte sur mon cellulaire !". Certes aussi, les personnages féminins sont réduits à leurs fonctions de bobonnes ou d'ensorceleuses, mais la qualité de la distribution, tant masculine que féminine, réussit à faire oublier la grosseur de certaines ficelles. Comédie sans prétention, film estival par essence, "Le Grand Méchant Loup" renoue avec la tradition des comédies à la Dabadie et ce n'est déjà pas si mal.

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juillet-août 2013 - Communauté : Cinéma
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Samedi 13 juillet 2013 6 13 /07 /Juil /2013 18:22

Film sri-lankais de Asoka Handagama

 

Interprètes : Dharshan Dhamaraj (Lui), Subashini Balasubramaniyam (Sa femme), Maheswary Ratnam (Sa mère)


Durée : 1 h 44


Ini-Avan.jpg


Note : 6/10


En deux mots : D'accord, c'est beau, c'est inaccoutumé, mais qu'est-ce que c'est lent !


Le réalisateur : Né en 1962, Asoka Handagama, après des études de mathématiques et d'économie à Colombo puis à Coventry, a commencé par la mise en scène de théâtre et la réalisation à la télévision. Il réalise son premier film en 1994, "Chanda Kinnarie", remarqué pour son style hyper réaliste. Il réalise sept autres films, dont deux sortent en Europe, "This is my moon" (2002) et "Flyng with one wing" (2004). Son film suivant, "Goodbye Mum", a été interdit par le gouvernement sri-lankais.

 

L'histoire : Après deux années passées en camp de rééducation, un homme, ancien combattant des Tigres Tamouls, revient dans son village. Les habitants lui reprochent d'avoir enrôlé leurs fils qui sont tous morts alors que lui a survécu. La jeune femme qui l'aimait a dû épouser un vieil homme qui lui a fait un enfant avant de mourir, et son père refuse qu'elle revoit son ancien amour.


La critique : Bon, j'avoue ma motivation première pour aller voir ce film : ajouter un 53° pays aux critiques clunysiennes, quand bien même il m'a fallu dix minutes de plus pour écrire le nom des acteurs. Je l'ai souvent écrit ici, le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde, et après des films philippins et thaïlandais, il est intéressant de découvrir une autre cinématographie asiatique aux côtés des mastodontes indien, chinois, japonais et sud-coréen. De plus, le sujet semblait intéressant, le retour d'un combattant vaincu d'une guerre sans nom de 30 ans qui a fait 100 000 morts, et la difficile reconstruction de celui à qui tous reprochent d'avoir survécu.

 

Après des panneaux qui nous rappellent le contexte de la fin de la guerre de 30 ans qui opposa le gouvernement cingalais aux Tigres de la minorité tamoule du nord-est de l'île, le film s'ouvre par un plan fixe de l'homme (il n'est jamais nommé, un peu à l'image des Tupamaros dont la dictature uruguayenne avait interdit qu'on prononce le nom ?) assis au fond du car qui brinqueballe sur la route qui le ramène à son village, la tête penchée sur le carreau au-dessus d'un corps massif dont on devine l'usage qu'il en fit du temps où il combattait dans les rangs de l'armée de Prabhakaran. La photographie est légèrement sous-exposée, dans des teintes brunes assorties à la peau de ces hommes et de ces femmes de la région de Jaffna, et le choix fréquent du plan fixe suggère la difficulté du mouvement dans une société ankylosée par le souvenir et les rancœurs de la guerre et les magouilles de la reconstruction.

 

Quand il arrive au village, on est bien loin du retour du héros cher au cinéma hollywoodien, même des héros vaincus de "Voyage au bout de l'enfer". Clairement, il n'est pas attendu, et certainement pas le bienvenu, comme le montre la succession de champs-contrechamps sur son visage qui espère et sur les réactions de sidération des villageois face au retour du fantôme, ou mieux encore le long travelling arrière sur l'ancien combattant qui avance sur le chemin de sa maison avec les gens qui descendent de bicyclette après l'avoir croisé ou vont chercher les enfants comme à l'approche d'un ogre.

 

Cette dimension portant sur la réinsertion d'un combattant vaincu est la plus intéressante du film, par la façon dont un passé gommé officiellement au nom de la réconciliation imposée par le vainqueur rejaillit dans tous les moments de la vie quotidienne. Lui n'est ni un fanatique, puisqu'on sent qu'il a dû commettre des actes qu'il regrette, comme le racket que lui rappelle l'épicier de son village, ni un repenti honteux, puisqu'il lance plusieurs fois à la face de ceux qui l'accablent qu'il a combattu pour leur liberté. Il a assumé ses actes en purgeant sa peine, et il n'a pas tenté de fuir à l'étranger comme d'autres de ses anciens compagnons qui reviennent faire des affaires sur le dos de la reconstruction du pays.

 

Asoka Handagama ne s'est pas limité à cette dimension documentaire ; bien au contraire, il assume tranquillement le choix de la fiction, et plus précisément celui du mélodrame. C'est là que réside sans doute l'intérêt, mais aussi la limite du film. Il y a une tentative de résumer l'histoire de ce peuple à travers le destin des trois femmes qui entourent le héros : sa mère, qui représente l'ancrage et la fidélité, son ancienne fiancé qui revient à lui avec l'enfant d'un autre, qui symbolise la difficulté de la réconciliation, et la femme du garde qui a été licencié à cause de lui et qui va incarner une sorte d'ange de la rédemption.

 

Si ce personnage est indéniablement intéressant, son inscription dans la complexité du scénario finit par dérouter, et ce qui peut sembler comme des évidences pour un spectateur tamoul parait bien elliptique, la faute aussi à une narration qui s'étire et qui se perd dans des péripéties confuses. Est-ce un décalage par rapport à des codes que je ne possède pas, et notamment ceux du cinéma populaire inspiré par Bollywood ? Toujours est-il que je me suis senti partagé entre l'envie d'aimer un tel film, et le même sentiment d'extériorité et d'ennui que j'avais ressenti à la vision d'" Oncle Boonmee".

 

Cluny


Par Cluny - Publié dans : critiques de juillet-août 2013 - Communauté : Cinéma
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Mercredi 10 juillet 2013 3 10 /07 /Juil /2013 07:14

Film américain de Marc Foster

 

Interprètes : Brad Pitt (Gerry Lane), Mireille Enos (Karen Lane), Daniela Kertesz (Segen), Fana Mokoena (Thierry)


Durée : 1 h 56


WWZ.jpg


Note : 5/10


En deux mots : Énième film de zombies, sans originalité particulière, si ce n'est le principe homéopathique de la résolution.


Le réalisateur : Né en 1969 à Ulm, en Allemagne, Marc Foster quitte la Suisse pour étudier la réalisation à New York. Après plusieurs documentaires, il réalise son premier film en 1996 "Loungers", primé au Festival de Slamdance. En 2000, "Everything put together" est remarqué au Festival de Sundance. Mais c'est "A l'ombre de la Haine" qui lui vaut en 2001 la reconnaissance du grand public, et offre à Halle Berry un oscar. Il réalise ensuite "Neverland" en 2003, "Stay" en 2005,  "L'incroyable Destin de Harold Crik" en 2006, "Les Cerfs-volants de Kaboul" en 2007, "Quantum of Solace" en 2008 et "Machine Gun Preacher" en 2011.

 

L'histoire : Ancien agent spécial de l'ONU, Gerry Lane se trouve pris avec sa famille dans une attaque de zombies au milieu de Philadelphie. Evacué avec les siens en hélicoptère jusqu'au navire de commandement de la flotte qui essaie d'organiser la résistance, il se voit obligé pour sauver sa famille de reprendre du service pour tenter de remonter à la source de ce virus qui transforme les humains en zombies.


La critique : Marc Forster fait partie de ces réalisateurs dont on découvre en rentrant chez soi que, ah ben oui, on a déjà vu certains de ces films. En l'espèce et en ce qui me concerne, "À l'ombre de la Haine", "Neverland" et "L'incroyable Destin de Harold Crik", ce dernier étant de loin le meilleur au milieu d'une filmographie éclectique, avec la trajectoire de nombreux réalisateurs d'origine européenne à Hollywood, du film indépendant au blockbuster en passant par le James Bond de service. Blockbuster donc, avec l'adaptation du roman de Max Brooks, le fils de Mel, qui trouve sa place en ce début d'été en espérant profiter du renouveau du genre marqué par les succès de films comme "28 jours plus tard", "Shaun of the Dead" ou "Resident Evil", sans oublier le tabac fait par la série produite par Frank Darabont ("Les Évadés", "La Ligne verte"), "The Walking Dead".

 

Quand on se lance dans un tel projet, réaliser un film de zombies pour viser le box-office estival, il y a intérêt à avoir quelque chose de nouveau à apporter, que ce soit narrativement ou au niveau de la réalisation. En effet, il faut bien le dire, en soi, les zombies ne sont pas passionnants, sauf à justement adopter le point de vue des décérébrés, ce qu'a réussi avec finesse Jonathan Levine dans " Warm Bodies". Dans ce "Word War Z", les zombies sont cantonnés dans leur rôle de fourmis-vélociraptors, et on a beau nous expliquer qu'il s'agit de l'illustration de "l'intelligence distribuée" qui explique le comportement des bancs de poissons ou des colonies d'insectes, ils n'en restent pas moins des figurants mal grimés qui claquent des dents.

 

Afin de justifier le titre, notre héros va donc faire un périple de Philadelphie au Pays de Galles en passant par la Corée du Sud (mention spéciale à l'imagination des scénaristes qui mettent en exergue la résolution de la crise zombiesque par le régime du Kim-Jong Un, à savoir arracher les dents de 23 millions de personnes : pas de dents, pas de zombies !) et Israël, curieusement intégrée à l'histoire pour sa capacité controversée à ériger des murs... Bon, on sait que dans ce genre de film, on va prendre quelques libertés avec le réalisme, mais là, quand même, on est allé un peu loin dans le principe qui veut que le héros ne se relève qu'après avoir reçu une volée de coups, puisqu'il arrive au bout de son voyage avec un éclat d'avion dans le ventre suite à un crash (pour éliminer des zombies importuns d'une carlingue, quoi de mieux qu'une bonne vieille grenade ?) accompagné par une soldate de Tsahal fraichement amputée d'une main...

 

Ce n'est pas la réalisation qui va sauver le film du sentiment de déjà vu, puisqu'elle mélange plans d'ensemble montrant des foules erratiques retravaillés numériquement et gros plans de quelques images captés par une caméra spasmophile, ce qui fait que même avec un synopsis aussi simple (un méchant virus transforme les humains en zombies en moins de 12 secondes) on en arrive à ne plus rien comprendre à ce qui se passe. Bien loin de sa folie dans cet autre film apocalyptique qu'était "L'Armée des 12 singes", Brad Pitt incarne consciencieusement le héros-malgré-lui attaché aux family values, entouré par des acteurs qui n'ont guère plus le temps d'exister qu'un zombie moyen. Pas vraiment raté, mais pas franchement réussi, "World War Z" ne demande pas un niveau de réflexion supérieur à celui d'un undead, condition minimale pour un succès assuré...

 

Cluny

Par Cluny - Publié dans : critiques de juillet-août 2013 - Communauté : Cinéma
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